sambre et meuse
une minute et trois coups de marteau auront suffi. Hier, Sambre et Meuse (pièces en acier pour chemins de fer) a été vendue en un seul lot, à 1,8million d’euros, au lieu des 96 lots de départ lors d’enchères à l’ambiance électrique. Dans l’atelier, c’est la surprise. Les applaudissements envahissent la salle. La centaine d’ex-salariés, syndicalistes, amis, s’interrogent : « Qui a racheté, qui ? » La question est sur toutes les lèvres. Un homme en costume noir se lève. Pascal Varin, directeur douaisien de Titagarh Wagons AFR. L’homme est applaudi. Aurélien Motte, symbole de la lutte sambrienne, en larmes, lui tend la main : « Merci. » Une poignée de main avant la désillusion. « Nous sommes convaincus que la marque Sambre et Meuse doit exister, mais nous n’avons pas la totalité des machines pour reprendre, ni le foncier. »
Pas de relance
L’annonce du Douaisien fait taire les cris de joie. De relance, il n’y aura pas. « Je ne veux pas donner d’espoir, il n’y a pas de possibilité de reprise d’activités. C’est un gros gâchis. » Dans l’usine, la colère gronde, à nouveau. Après sept mois de désillusion, la conclusion de cette vente a un goût amer pour les métallos qui, depuis la liquidation, occupent l’usine. D’abord à 220, puis à 100, 50 et 5… Le temps qui passe n’a pas eu raison de l’attachement à ce fleuron sambrien plus que centenaire sur un territoire qui souffre depuis trop longtemps. Quelques minutes avant la vente, ils étaient près d’une centaine à franchir les portes, malgré l’interdiction, pour assister à la der des ders. Scandant, que leur « usine doit vivre ! », espérant, encore et toujours… « On veut qu’à la fin, cette entreprise puisse continuer son activité ! »
Retenu plus d’une heure
Bousculé, pris à partie, le nouvel acquéreur est retenu un peu plus d’une heure. « Sambre et Meuse, c’est à Feignies ! Rien ne sortira d’ici », menace un métallo. Pascal Varin repart finalement, sous quelques jets de pierre… Les métallos restent, chez eux, autour d’un nouveau feu de colère, de désespoir, après cette énième déception vécue comme la fin d’une histoire. De leur histoire.