L’USTM-CGT interpelle les politiques sur l’emploi dans la métallurgie dans le Hainaut
Ludovic Bouvier est entouré d’une petite dizaine de salariés d’Akers Berlaimont. Trois cents personnes risquent de perdre leur emploi : 100 à Berlaimont, 170 à Thionville et 30 à Liège. Les salariés nordistes n’ont pas touché de salaire depuis le 12 octobre, juste une avance. Et pourtant, leur entreprise a touché 343 000 € de CICE (crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi) en 2014. « On nous refait le coup de Continental », tempête le secrétaire général de l’USTM-CGT régionale. L’entreprise qui fabrique des cylindres pour la sidérurgie, en redressement depuis décembre, a été vendue à un groupe parti avec le carnet de commandes. « C’est encore une entreprise qui va disparaître », se désole Ludovic Bouvier.
Chez Areva Jeumont, une centaine de salariés vont être remerciés, « les accords de compétitivité sont un outil pour liquider dans les entreprises. Ça se vérifie partout ». Il évoque aussi un éventuel rapprochement entre Alstom et Bombardier évoqué par le ministre de l’Économie, dernièrement, et aussitôt démenti. Si ça se fait, il y aura forcément de la casse, « on laisse les salariés dans l’incertitude de leur avenir ».
« Il ne faut pas faire croire mais faire »
Le syndicaliste a étudié les programmes des candidats aux Régionales. Il a entendu Xavier Bertrand dire qu’il faut « sauver l’industrie. Qu’est-ce qu’il est capable de faire ? C’est au pied du mur que l’on voit le maçon ». Il est donc bien décidé à « interpeller plus largement. Les travailleurs et la population en ont marre d’être menés en bateau. Notre premier adversaire, c’est le patronat, aidé par la classe politique. Si les politiques continuent de privilégier une infime partie de la société, Marine Le Pen sera présidente en 2017 ».
Ludovic Bouvier ne sent pas de résignation dans les entreprises, au contraire, « les luttes montent et nous allons continuer à appeler à la mobilisation ». Il adresse ce message aux politiques en responsabilité : « Il ne faut pas faire croire mais faire. Le pouvoir politique est amoindri car tout est fait pour donner le pouvoir à l’économie ». Et aux salariés encore trop tentés par le vote FN, il lance, « l’extrême droite est tout sauf la solution, c’est même la pire ».